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15 juin 2017

Dans 3 cas sur 4, c'est un chien mâle, entier ou castré, qui montre une agressivité envers l'homme

par Agnès Faessel

Temps de lecture  3 min

Les chiens de sexe mâle sont 1,4 fois plus à risque de mordre ou menacer l'homme que les femelles, dans cette étude sur 400 cas de troubles du comportement reçus en consultation spécialisée (cliché Pixabay).
Les chiens de sexe mâle sont 1,4 fois plus à risque de mordre ou menacer l'homme que les femelles, dans cette étude sur 400 cas de troubles du comportement reçus en consultation spécialisée (cliché Pixabay).
 

Parmi les chiens agressifs, quel est le profil de ceux ciblant les humains plutôt que leurs congénères ? Une étude rétrospective a recherché les facteurs liés à l'animal, son maître ou son environnement, associés aux cas d'agression envers l'homme.

L'agressivité, premier motif de consultation comportementale

Pour éviter les biais d'autres méthodes d'études (par exemple la sur-représentation des chiens de grand format dans les cas de blessures chez l'enfant nécessitant une hospitalisation), les auteurs de celle-ci, des universitaires des établissements vétérinaires de Londres et Bristol, ont sélectionné au hasard 400 cas parmi les chiens présentés en référé en consultation comportementale spécialisée, sur 11 ans. Sur la période, le service totalisait 746 cas, dont les deux tiers (502 : 67 %) pour comportement agressif (éventuellement associé à d'autres troubles comportementaux). Une telle proportion confirme d'autres données connues : l'agressivité est, assez logiquement, le premier motif de consultation comportementale.

La moitié de l'échantillon sélectionné, soit 200 chiens, sont des cas d'agression dirigée contre l'homme (groupe étudié). L'autre moitié (groupe contrôle) présente divers troubles comportementaux, dont l'agressivité mais vis-à-vis de toute cible excepté l'espèce humaine : chats et/ou autres chiens.

Les cas recensés n'étaient pas seulement des agressions par morsures, mais tout comportement jugé menaçant (grondements, grognements, aboiements, etc.).

Une majorité de mâles castrés chez les agressifs

L'analyse a porté sur des paramètres liés au chien (âge, sexe, type racial), son environnement de vie (personnes et autres animaux du foyer, accès ou non à un jardin), son exercice quotidien (lieu, durée, avec ou sans laisse), les techniques d'obéissance utilisées (récompense, punition) et l'éventuelle fréquentation d'activités éducatives (pour les chiots ou les adultes) ou sportives (agility).

Les principaux résultats montrent l'influence de l'âge et du sexe (déjà connue pour ce dernier). Dans le groupe contrôle, les chiens mâles, entiers ou castrés, sont majoritaires (65 %). Mais ils le sont encore davantage parmi les chiens agressifs envers l'homme, atteignant presque les trois quarts de l'effectif (74 %).

Dans le détail, la proportion de mâles entiers est similaire (18 %) dans les deux groupes, alors que celle de mâles castrés est augmentée dans le groupe étudié : 56 % contre 46 % dans le groupe contrôle. Les auteurs de l'étude notent toutefois qu'il est possible qu'une partie de ces chiens aient justement été castrés en raison d'un comportement d'agressivité.

Les chiens agressifs envers l'homme sont par ailleurs plus jeunes : un an et demi en moyenne contre 2 ans. Une différence significative, mais de faible impact en pratique. Sur ce point en outre, les résultats d'autres travaux sont contradictoires, certains observant une moyenne d'âge plus élevée voire une augmentation du risque avec l'âge… Selon les auteurs, il est possible que la méthodologie suivie ici ait augmenté la part de propriétaires venus consulter précocement, « avant la détérioration de la situation ».

L'assiduité aux puppy classes associée à un risque majoré

En ne retenant que les paramètres d'influence, l'analyse statistique multivariée (régression logistique) confirme que les mâles sont 1,4 fois plus enclins à présenter un comportement d'agression dirigée contre l'homme que les femelles (sans différence sur le critère castré ou entier).

Cette analyse montre aussi qu'en comparaison à ceux qui n'en ont pas ou peu suivi, les chiens ayant participé à une "classe chiots" (puppy class) à de multiples reprises (plus de 5) le sont 1,7 fois. Les auteurs avancent prudemment deux hypothèses d'explication : la multiplication des sessions face à un animal qui pose problème à ses propriétaires… ou les (sans doute mauvaises) méthodes éducatives proposées lors des sessions. Mais par ailleurs, la technique utilisée par le propriétaire pour dresser son chien (le faire asseoir par exemple), basée sur la récompense ou plutôt la punition, n'est pas ressortie dans l'étude comme un facteur d'influence.

Influence d'un congénère, pas des enfants

Enfin, la cohabitation avec un chiot ou un jeune chien (âgé de moins de deux ans) augmente le risque d'agressions contre l'espèce humaine d'un facteur 2,8.

Les personnes composant le foyer (nombre, éventuelle présence d'enfant et leur âge) ne sont pas retenues dans l'analyse multivariée. Car contrairement à la présence d'un autre chien, elles apparaissent ici sans influence sur le risque de ce type d'agression.